Station#30
Théâtre radiophonique – Hörspiel
Florian Lecesve, V’la l’temps qui s’embernaudit (2018), 7’26
Documentaire radiophonique d’ethno-esthétique sonore sur le patois de la Sarthe et le fait, dès lors, de « patoiser », village de Crissé (Alpes mancelle).
Louna Delavis, L’Ocelot (2021), 7’25
« L’ocelot, est un félin qui vit en Amérique centrale. J’ai été influencée par le livre Le Vieux qui lisait des romans d’amour de Luis Sepulveda dont l’histoire se passe en Amazonie où Antonio José Bolivar (le vieux) mexicain d’origine, venu jeune à El Idilio (car les colons leur donnaient des terres, incultivables : sans habitation ni bateaux de retour) vit finalement un temps avec les Shuars (indiens d’Amazonie) jusqu’à ce qu’un incident survienne et le décide à retourner à El idilio vivre dans une cabane… Mais ce qui m’intéressait le plus était la suite : obligé de traquer l’ocelot dans la forêt pendant plusieurs jours (cet animal en devient une présence mythique : on ne le voit presque jamais…), Antonio y connaît une forme de recherche intérieure, dans la solitude et sous une pluie diluvienne, c’est une marche dans le temps. Il y a la traque et le traqueur, qui va chercher cet animal rendu fou par les hommes (dits les blancs), cet animal furtif et sans description (presque fantôme) tueur de lui même en quelque sorte. “ Si la piste est trop facile et que tu crois tenir l’ocelot, c’est qu’il est derrière toi, les yeux fixés sur ta nuque, disent les Shuars ”. Parallèlement, me concernant pour ce travail de L’Atelier sonore d’esthétique, L’Ocelot est une sorte de quête furtive, parfois dangereuse, dans la vie urbaine de février. Cet audio est donc un assemblage de captures sauvages de bruits (moi sous la douche, devant la télévision ; on y entend la valve de la bouche d’aération, la pluie, une porte, un ascenseur…) et des poésies qui retracent un cheminement intérieur, un sentiment d’enfermement, de restriction de libération (j’ai même essayé de chantonner…). Et puis le “ Et si notre corps ne s’arrêtait pas à notre peau ” d’Annie Sprinkle & Beth Stephens apparaît, pour moi, comme une réflexion sur notre “ intériorité ”, j’ai essayé dès lors dans cette pièce sonore de montrer ma façon de penser, c’est-à-dire : je pense que notre réflexion intérieure est parasitée par le monde extérieur qui en fait ainsi partie. Il deviendrait presque notre musique de pensée, que l’on suivrait, et qui serait modifiée par les différentes réflexions de nos petite voix : “ La conscience est cette petite voix douce qui parfois résonne trop fort à notre goût ”, écrit Bert Murray. » Louna Delavis.
Image de couverture : Louna Delavis.