Couverture : Iona Colombani, Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son, 2017
Station#21
Catalogue réalisé pour le dépôt de Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son, dans le Fonds Robert Kramer de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine/IMEC à l’Abbaye d’Ardenne (Saint-Germain La Blanche-Herbe), École nationale supérieure d’art de Bourges,
coll. « L’Atelier sonore d’esthétique – Archives de A. C. », 2017, 72p.
Dans l’esprit de la station#6 (2009) et de la station#16 (2016) qui ne partaient pas d’une œuvre plasticienne pour aller dans le monde sonore, mais, inversement, du son pour aller dans le monde visuel, la station#20 a été conçue, tout à la fois, à partir d’un documentaire radiophonique à propos de Robert Kramer comme de l’étude – dans le cadre du séminaire – de l’ensemble des films du cinéaste.
Elle a ensuite donné lieu à une publication dans la collection « L’Atelier sonore d’esthétique – Archives de A. C. ».
En 1993-1994, Alexandre Castant produisait Hors champ un documentaire sonore de création sur le cinéaste Robert Kramer qui, pour Les Nuits magnétiques de France Culture, réalisait Un Voyage sonore, programme radiophonique conçu avec le peintre Alain Diot, les musiciens Michel Doneda, Alain Joule et Barre Phillips, l’ingénieur du son Marc Pichelin. En 2018, à l’occasion du dépôt de Hors champ dans le fonds Robert Kramer de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine/IMEC à l’Abbaye d’Ardenne, un livre catalogue a été conçu, avec les étudiantes et les étudiants de l’École nationale supérieure d’art de Bourges et dans le cadre de L’Atelier sonore d’esthétique sur l’œuvre du cinéaste, pour en présenter l’histoire, les sons, les images et les mots…
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Robert Kramer,
Hors champ, 1993-2017
Direction artistique : Stéphane Beaudonnet
Couverture : Iona Colombani, Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son, 2017
Studio son : Stéphane Joly
Remerciements : Cécile Liger, Antoine Réguillon et Claire Paulhan (Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine/IMEC).
ISBN : 978-2-910164-65-2
Dépôt légal : premier trimestre 2018.
Sites de consultation à venir :
Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine/IMEC (Fonds Robert Kramer), Abbaye d’Ardenne, Saint-Germain La Blanche-Herbe,
Bibliothèque nationale de France,
Bibliothèque de l’École nationale supérieure d’art de Bourges.
En 1993, le cinéaste Robert Kramer réalisait pour Les Nuits magnétiques de France Culture Un Voyage sonore, production radiophonique conçue avec le peintre Alain Diot, les musiciens Michel Doneda, Alain Joule et Barre Phillips, l’ingénieur du son Marc Pichelin. L’itinéraire de ce programme était important. Il était suggéré par le mot « voyage » du titre et avait conduit leur collectif dans le Midi, de Marseille à Montpellier. Aussi, c’est pour produire une émission entre archive et document sur ce projet transdisciplinaire, aussi prometteur qu’inédit, qu’une structure radiophonique expérimentale de Montpellier, l’Atelier Radiophonique de Création Languedoc-Roussillon, me contacta… Documentaire de création (aujourd’hui, son écriture procèderait du making-of), Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son résulte de cette commande radiophonique.
[…]
La création Un Voyage sonore restant elle-même inédite, Hors champ ne fut pas diffusé et son projet, finalement, demeura secret. Les artistes en eurent toutefois connaissance (époque oblige, c’est une cassette magnétique de ce documentaire de création qui leur fut alors adressée !). Et Robert Kramer, que je devais revoir peu de temps après à l’occasion de la projection de son film Starting Point au cinéma L’Entrepôt, rue Francis de Pressensé à Paris, me dit – oserais-je le confier – l’avoir apprécié… De loin en loin, nous restions dès lors en contact pour parler de cinéma, notamment, et, entre autres, de la voix et du son au cinéma…
Aujourd’hui, hiver 2017, Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son fait donc l’objet d’un dépôt, sous forme de disque-compact, dans le fonds Robert Kramer de l’Institut Mémoires de l’Édition Contemporaine/IMEC à l’Abbaye d’Ardenne, Saint-Germain La Blanche-Herbe, et je remercie chaleureusement Claire Paulhan qui est à l’initiative de cette demande. Or, pour accompagner le dépôt de ce documentaire, un livre catalogue a été conçu avec les étudiantes et les étudiants de l’École nationale supérieure d’art de Bourges en 2016-2017. En effet, préalablement à ce dépôt (plus exactement : à son occasion !), j’ai proposé aux étudiants de première et de troisième années de l’École nationale supérieure d’art de Bourges, ainsi qu’aux étudiants qui suivent mon séminaire L’Atelier sonore d’esthétique, un projet pédagogique autour de l’étude et de l’analyse des films de Robert Kramer (notamment Cités de la plaine, 1999 ; Walk the walk, 1995 ; Doc’s Kingdom, 1987 ; Milestones, 1975), films que nous avons visionnés à rebours des décennies, du dernier film aux premiers, remontant ainsi le cours du temps… L’écoute publique du documentaire Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son, diffusé à l’attention des étudiants dans la Salle d’écoute ou la Chapelle de l’École, et accompagné d’un ensemble de documentations historiques, sémiologiques et critiques, participait évidemment de ce programme pédagogique dont il était en quelque sorte la source… Le séminaire devant initier un livre-catalogue dont l’œuvre du cinéaste, finalement, signe la ligne éditoriale.
En aval de ce séminaire et de son projet pédagogique, l’étude et l’analyse des films de Robert Kramer ont ainsi eu, pour objet artistique, la production, par les étudiants, d’une proposition visuelle, iconique, plastique, à partir de l’univers du cinéaste. Ce livre en est le répertoire et le catalogue… Et ces pièces, traversant les techniques et les médiums avec invention et liberté (calligramme, dessin, aquarelle, peinture, photographie, vidéo, film, mais aussi cartographie et poèmes, poèmes de sons et poèmes graphiques, images sonores…), cette variété de propositions plastiques évoque, souligne ou imagine une sorte de portrait du cinéaste… S’y déclinent en effet des paysages urbains, mélancoliques, en ruines, ou encore le monde industriel et ouvrier ; des photogrammes des films de Kramer, ou des motifs graphiques américains ; des dérives poétiques, contemplatives, minimalistes, abstraites ou oniriques, mais aussi, les images d’une société de consommation comme les images de la consommation des images, des illustrations pop ; une réflexion enfin sur le dispositif audiovisuel (argentique, grain de l’image, numérique, pixel…). Bref, n’est-ce pas un scénario futur qui s’écrit ainsi ? Car il suffit d’observer les résultats, de cette proposition pédagogique, pour mesurer à quel point d’intensité, les productions visuelles des étudiantes et des étudiants en arts de ce séminaire ont été faites avec enthousiasme et intérêt !
Réalisé de part en part à l’École nationale supérieure d’art de Bourges avec et grâce à Antoine Réguillon, directeur de l’École, Stéphane Beaudonnet, assistant multimédia, et Stéphane Joly, assistant son, grâce également au soutien de Cécile Liger, responsable de la bibliothèque, le présent ouvrage reste donc le dépositaire, le témoignage et la marque de cette formidable expérience et de l’inventivité constante des étudiantes et des étudiants de première et troisième années, ainsi que du séminaire L’Atelier sonore d’esthétique.
Sont enfin publiés dans cet ouvrage (vingt-cinq exemplaires en microédition et hors commerce !) deux textes. Le premier, de 1994, propose la transcription de l’introduction, lu en ouverture de Hors champ. Robert Kramer, l’image et le son, le second est plus tardif, je l’ai écrit pour Le Journal du Centre national de la photographie en 2001, comme un hommage au cinéaste décédé soudainement en 1999. Cet article décrit à grands traits une œuvre plastique et politique découverte, pour beaucoup d’étudiants dans le contexte politique actuel et, eu égard à l’engagement exigeant et irréductible du cinéaste, avec une sorte d’admiration et de reconnaissance pour Robert Kramer. Cet article rappelle aussi, à sa mesure évidemment, le cadre introductif nécessaire à l’appréhension, sémiologique et esthétique en École d’art, d’une œuvre d’une telle amplitude.
A.C.
Paris, le 21 décembre 2017
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